Les régimes de TVA : le mini-réel, le réel simplifié et le réel normal
Rédigé par Roxane Hidoux
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Les obligations déclaratives d'une entreprise assujettie à la TVA dépendent de son régime d'imposition : réel simplifié, mini-réel ou réel normal.
Sommaire :
Le régime réel simplifié de TVA
Le régime réel simplifié s'applique en principe aux entreprises qui excédent les seuils pour bénéficier du régime de la franchise en base mais se situent en-dessous des seuils du régime réel normal.
Quelles sont les entreprises qui bénéficient du régime réel simplifié ?
Le régime du réel simplifié de TVA s'applique d'office aux entreprises dont le chiffre d'affaires HT, ajusté, s'il y a lieu, au prorata du temps d'exploitation au cours de l'année civile, excède le seuil de franchise en base de TVA et n'excède pas 876 000 € (vente de biens) ou 264 000 € (prestations de service).
En cas d'activité mixte, une distinction doit être opérée suivant les conditions dans lesquelles elle exerce son activité :
- lorsque l'entreprise fournit non seulement la main d'oeuvre, mais aussi les matériaux ou matières premières entrant à titre principal dans la composition de l'ouvrage qu'elle s'est chargée d'exécuter (entreprises de bâtiment, de charpente, de menuiserie, de terrassement ou de nivellement, prothésistes dentaires...), elle doit appliquer la limite de 876 000 € ou 863 000 € hors taxes ;
- lorsque l'exploitant ne fait que prêter ses services et n'effectue aucune fourniture (entrepreneur de transport), ou ne fournit que les produits accessoires ou ingrédients (tailleurs à façon qui se bornent à fournir le fil et les boutons, teinturiers, blanchisseurs, cordonniers...), c'est la limite de 264 000 € qui est à retenir.
Le régime simplifié d'imposition n'est applicable que si le chiffre d'affaires annuel global ne dépasse pas 876 000 € ou 863 000 € hors taxes et si le chiffre d'affaires annuel afférent aux prestations de services ne dépasse pas 264 000 € ou 267 000 € hors taxes.
Exclusions
Une entreprise ne peut pas bénéficier du régime réel simplifié :
- lorsqu'elle réalise des opérations occasionnelles ainsi que les opérations immobilières soumises à la TVA en application de l'article 257, I du CGI ;
- lorsque le montant de la TVA acquittée au cours de l'année N-1 a dépassé 15 000 € ;
- lorsqu'elle réalise des importations et/ou des acquisitions intracommunautaires.
Il existe aussi une exonération temporaire (2 ans) pour les entreprises nouvelles dans le secteur du bâtiment. L’exclusion du régime simplifié s’applique l’année de création ainsi que l’année suivante. L'entre^rise peut ensuite opte pour le régime simplifié de TVA, à condition d'en respecter les conditions.
Le régime du réel simplifié de TVA s'applique également aux entreprise qui, bénéficiant de plein droit de la franchise en base de TVA, ont opté pour le régime du réel simplifié.
Quand déclarer et payer la TVA dans le cadre du régime réel simplifié de TVA ?
Régime classique
Une entreprise qui bénéficie du régime réel simplifié de TVA doit déclarer la TVA une fois par an, via la déclaration de TVA CA12. Cette déclaration permet de déterminer la taxe due au titre de la période et le montant des acomptes semestriels, l'un en juillet, l'autre en décembre, pour la période suivante.
L'acompte de juillet est égal à 55 % de la TVA due au titre de l'année ou de l'exercice précédent, avant déduction de la TVA relative aux biens constituant des immobilisations (ligne 18 de la déclaration CA 12/CA 12E). L'acompte de décembre est égal à 40 % de ce montant.
A noter : si la base de calcul des acomptes est inférieure à 1 000 €, il y a dispense du versement d'acomptes.
Lors du dépôt de la déclaration annuelle, le montant de TVA réellement dû est régularisé. Les acomptes dus au titre de la période d'imposition viennent alors en déduction de la TVA réellement due au titre de la même période. Lorsque la déclaration annuelle fait apparaître un crédit de taxe, l'entreprise peut solliciter le remboursement de ce crédit sur la déclaration CA 12/CA 12E. A défaut, elle est autorisée à imputer le crédit constaté sur le ou les acomptes suivants, en informant le comptable des impôts dans le cadre correspondance de l'avis d'acompte.
L'entreprise a la possibilité de moduler ou de suspendre les acomptes si elle a des raisons de croire que la TVA due sera inférieure à celle prévue par l'échéancier.
Option pour le régime mini-réel de TVA
Le régime du mini-réel de TVA permet à une entreprise de déposer mensuellement une déclaration de TVA tout en restant au régime simplifié de l’impôt sur les sociétés concernant la taxation de ses bénéfices.
Le régime réel simplifié a l'avantage de simplifier les formalités déclaratives de l'entreprise puisqu'elle ne doit remplir qu'une déclaration annuelle. Mais il présente un inconvénient, puisqu'en réalité, l'entreprise fait l'avance de la TVA : l'entreprise ne connaîtra le montant de TVA réellement dû qu'au moment de sa déclaration annuelle alors qu'elle doit payer 2 acomptes au cours de son exercice.
Pour ne plus avoir à faire l'avance de TVA, l'entreprise peut opter pour le régime « normal », en matière de TVA, tout en restant placé sous le régime simplifié pour l'imposition des bénéfices. Ce qui lui permettra de ne plus faire l'avance de la TVA et d'obtenir, le cas échéant, un remboursement mensuel de crédit de TVA. Dans ce cas, l'entreprise doit déposer chaque mois une déclaration CA 3 faisant ressortir la taxe due au titre du mois écoulé.
Le régime mini-réel de TVA s'applique sur option, valable pour une période de 2 ans (reconductible tacitement).
Cette option, notifiée par lettre recommandée avec AR, prend effet :
- au 1er janvier de l'année au cours de laquelle elle est exercée si elle est notifiée avant la date limite de dépôt de la déclaration annuelle,
- et le 1er janvier de l'année suivante si elle est notifiée après cette date.
Quelles sont les incidences du dépassement du seuil du régime réel simplifié de TVA ?
En cas de dépassement des seuils, le régime simplifié est maintenu si le chiffre d'affaires ne dépasse pas :
- 267 000 € pour les prestations de services,
- 863 000 € pour les livraisons de biens, vente à consommer sur place et prestations d'hébergement.
Au-delà de ces seuils, le bénéfice du régime prend fin et l'entreprise relève du régime normal d'imposition de TVA dès le 1er jour de l'exercice en cours.
Le mois suivant celui du dépassement, l'entreprise doit déposer une déclaration CA3, qui récapitule les opérations réalisées depuis le début de l'exercice jusqu'au mois du dépassement, puis des déclarations mensuelles CA3 à compter du mois suivant.
Remplir la déclaration de TVA CA12

- Notice de remplissage
- TVA collectée / TVA déductible
- Crédits de TVA
- Exemple de déclaration de TVA complétée
Le régime du réel normal de TVA
Le régime du réel normal de TVA s'applique de plein droit aux assujettis dont le chiffre d'affaires dépasse les limites du réel simplifié.
Le régime réel normal concerne les entreprises :
- dont le chiffre d'affaires est supérieur à 876 000 euros pour les activités de vente et fourniture de logement ou supérieur à 264 000 euros pour les activités de prestations de services,
- qui se situent en-dessous de ces seuils mais qui ont opté pour le régime réel normal.
Ce régime concerne aussi les entreprises dont le chiffre d'affaires est compris dans la limite des seuils du régime simplifié d'imposition mais qui en sont exclues en raison de la nature de leur activité ou parce qu'elles déclarent plus de 15 000 € de TVA par an.
Le régime réel normal de droit commun
Dépôt d'une déclaration CA3 mensuelle
L'entreprise soumise au régime réel normal de TVA doit déposer une déclaration CA3 tous les mois et joindre le paiement de la TVA à sa déclaration.
Elle reçoit en général les formulaires pré-imprimés, avec la date limite de déclaration. A défaut, elle peut se les procurer en ligne sur impots.gouv.fr
En revanche, si la TVA due est inférieure à 4 000 €, il est possible de déclarer et de payer la TVA tous les trimestres.
Obligation de déposer une déclaration CA3 en l'absence d'opérations
Si au cours d'un mois (ou d'un trimestre), il n'a été effectué aucune opération donnant ouverture à la TVA, l'entreprise doit néanmoins produire dans les délais prescrits une déclaration négative, c'est-à-dire ne comportant aucun chiffre d'affaires.
Cependant :
- les entreprises qui réalisent d'une manière constante et exclusive des opérations exonérées de TVA peuvent être dispensées de produire une déclaration CA3 par le service des impôts,
- les entreprises qui exercent une activité saisonnière peuvent, sur demande expresse adressée au service des impôts dont elles relèvent, être dispensées de fournir cette déclaration pendant la période de fermeture de leurs établissements,
- les entreprises redevables de la TVA au titre d'une activité non commerciale, qui ne s'analyse pas comme une véritable activité professionnelle (pas plus de 4 opérations taxables à la TVA par an) sont autorisées à déposer des déclarations CA3 le mois suivant la perception de leurs honoraires. Ce régime intéresse pratiquement les personnes exerçant une activité d'assistance et de conseils, comme les anciens dirigeants salariés d'une société qui conservent une activité de conseil auprès de cette dernière (doc. adm. 3 E 1313-15).
Déclaration en ligne
La télédéclaration de la TVA est obligatoire pour toutes les entreprises.
Durant la période des congés payés, si l'entreprise n'a pas le temps de terminer sa comptabilité pour arrêter la déclaration de TVA, elle a la possibilité de verser un acompte égal à 80% du montant acquitté sur la dernière déclaration ou de la somme réellement due. Elle régularisera ensuite sa situation lors de la prochaine déclaration de TVA.
Le régime des acomptes provisionnels
Une entreprise qui rencontre des difficultés pour établir ses déclarations de TVA dans le délai légal peut demander au centre des impôts l'autorisation de bénéficier d'un délai supplémentaire de 1 mois pour déposer sa déclaration.
Attention, cette possibilité n'est ouverte que si vos difficultés sont dues à la nature de vos activités ou à la structure particulière de l'entreprise.
En contrepartie, l'entreprise doit, dans le délai normal, verser chaque mois un acompte, représentant au moins 80 % de la TVA nette et des taxes assimilées dues au titre du mois pour lequel cet acompte est versé.
Une régularisation est alors effectuée le mois suivant dès le dépôt de la déclaration, qui se traduit soit par un versement complémentaire, soit par une imputation sur l'acompte dû au titre du mois suivant.
Voici comment fonctionne le régime des acomptes provisionnels :
- le deuxième mois d'application du régime, l'entreprise verse un acompte provisionnel égal à 80% de la somme réellement due. Ce versement doit être accompagné de la déclaration CA3 mentionnant le montant de l'acompte versé,
- à partir du troisième mois, l'entreprise remplit normalement sa déclaration CA3 et y joint un bulletin de régularisation 3515 faisant apparaître la somme à verser effectivement, compte tenu de l'impôt dû et de l'acompte déjà versé.
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