Les associés d'une SARL peuvent se contenter de libérer seulement une fraction correspondant au moins au cinquième du montant de leur apport en numéraire.
La libération du solde devra intervenir au plus tard dans les 5 ans, sur simple décision du gérant de la SARL. Ce qui évite d'avoir à procéder à des augmentations de capital.
La loi fiscale est toutefois en faveur d'une libération rapide du capital social. Car tant qu'il n'est pas intégralement libéré :
Les associés d'une SARL doivent libérer au moins 20 % de leurs apports en numéraire lors de la création de la SARL. A l'inverse, la totalité des apports en nature doit être libérée lors de la création.
En cas de libération partielle, un compte dénommé « Capital souscrit, non appelé », intégré à l'actif du bilan, doit faire apparaitre la partie non libérée. Les statuts de la SARL doivent également indiquer les modalités de libération de ces apports en numéraire.
La libération du reste des apports doit intervenir dans les 5 ans de l'immatriculation de la SARL au RCS. Mais la souscription de nouvelles parts sociales en numéraire exige que la totalité des apports en numéraire aient été libérés.
C'est le gérant de SARL qui décide du moment opportun pour y procéder et des modalités de libération du solde. Il est aussi possible que les statuts de la SARL offrent la possibilité aux associés de libérer par anticipation leurs apports, c'est-à-dire avant l'appel de fonds du gérant.
Absence d'appels de fonds
La libération échelonnée des apports en numéraire s'effectue en principe à l'initiative du gérant de la SARL. Celui-ci est impérativement tenu d'y procéder dans le délai légal de 5 ans, sous peine de se voir reprocher une faute de gestion.
A défaut, tout intéressé peut demander au président du tribunal de commerce statuant en référé soit d'enjoindre sous astreinte au gérant de procéder à cette formalité, soit de désigner un mandataire chargé de le faire (article 1843-3 alinéa 5 du Code civil).
Les statuts peuvent valablement fixer un échéancier des appels de fonds en lieu et place du gérant. Ce dernier sera alors tenu de les respecter, sous peine d'engager sa responsabilité, voire d'être révoqué.
Les associés d'une SARL n'ont pas la possibilité de s'opposer aux appels de fonds du gérant ou d'exiger un délai supplémentaire.
S'ils s'y refusent, le gérant devra les contraindre en justice, à verser le solde. En effet, si durant ce temps la SARL vient à manquer de capitaux propres, son inaction pourra engager sa responsabilité personnelle.
Pour les y contraindre, le gérant dispose de deux options :
Conséquences du non-versement d'un apport en numéraire
L'associé qui n'a pas versé les fonds promis à l'échéance devient débiteur d'intérêt au taux fixé par les statuts de la SARL ou, à défaut, au taux légal, sans qu'il soit nécessaire de le mettre préalablement en demeure.
Si le non-versement des apports en numéraire cause un préjudice à la SARL, il pourra également se voir condamné en justice au paiement de dommages et intérêts. Enfin, il pourra être exclu de la SARL si les statuts l'ont prévu.
Le mode de versement des fonds est en principe libre, sauf si les statuts de la SARL prévoient que les fonds doivent être versés par un mode de paiement spécifique, par exemple un chèque ou un virement bancaire.
A défaut, les fonds pourront être versés en espèces, par chèque, par virement bancaire, par remise de bons du Trésor ou de bons de caisse payables à vus ou échus.
Une fois reçus, les fonds devront être déposés par les fondateurs dans les 8 jours de leur réception sur un compte en banque établi au nom de la SARL en formation.
Libération de l'apport en numéraire par compensation
La libération des fonds peut s'effectuer par compensation avec une créance de l'associé sur la SARL. C'est notamment le cas si les statuts prévoient que le coût des travaux effectués par les associés doit être porté aux comptes courants des associés concernés, lesquels peuvent ensuite abandonner les montants en compensation avec les apports en numéraire prévus dès que ces montants leur sont équivalents.
Elle ne peut intervenir qu'une fois la SARL immatriculée. Elle aura lieu de plein droit par application de l'article 1347 du Code civil dès lors que les montants inscrits en compte courant sont équivalents aux apports en numéraire.
Le versement des apports doit intervenir avant la signature des statuts de la SARL car le montant libéré doit y figurer.
Dans les 8 jours de leur versement à la personne que les futurs associés auront désignée, les fonds devront être déposés sur un compte bancaire spécifique auprès :
Les associés ne pourront les retirer qu'une fois la SARL immatriculée. Le retrait des fonds intervient sur présentation d'un certificat du greffier attestant de l'immatriculation de la société (extrait kbis).
Les sommes déposées seront ensuite virées sur le compte bancaire de la SARL, qui peut être ouvert avant l'immatriculation de la SARL.
Si les associés renoncent à créer la SARL, ils ne perdent pas pour autant leurs apports. Pour récupérer les fonds bloqués, ils doivent alors suivre une procédure spécifique nécessitant pour chacun d'eux de présenter une requête auprès du Président du Tribunal de commerce. Attention, les associés ne disposent que de six mois pour exercer cette action.
La requête doit être déposée en deux exemplaires originaux, datés et signés du (des) apporteur(s). Elle doit être accompagnée :
Je soussigné ....(nom du ou des apporteurs désirant retirer les fonds) avions le projet de constituer une SARL ...(Dénomination sociale) dont le siège social aurait été fixé à ...(adresse du siège social).
Qu'à cet effet, une somme de ... (montant des fonds bloqués) a été déposée le ... (date du dépôt des fonds) à la banque ... (Nom et adresse de l'agence bancaire).
Que la société n'a pas été constituée, qu'en conséquence, les requérants sollicitent qu'il vous plaise Monsieur Le Président, de bien vouloir les autoriser à retirer les fonds bloqués en banque.
Date
Nom et signature du requérant
Les personnes physiques qui effectuent un apport en numéraire à une société peuvent bénéficier d'une réduction d'impôt sur le revenu (article 199 terdecies-0 A du CGI).
La réduction d'impôt s'applique uniquement aux apports en numéraire réalisés soit lors de la constitution de la société, soit lors d'une augmentation de capital.
La SARL doit respecter les conditions suivantes :
La réduction d'impôt est égale à 18 % du montant des versements effectués, sous réserve que le plafond de 50 000 (personne seule) ou de 100 000 € ne soit pas atteint (couples faisant l'objet d'une imposition commune). En cas de libération différée du capital de la SARL, la réduction d'impôt s'applique lors de chaque versement de libération du capital.
Les versements qui excèdent le plafond annuel peuvent bénéficier de la réduction d'impôt de 18 % sur les 4 années suivantes. La réduction d'impôt sera calculée dans la limite du plafond annuel des versements. Le montant maximal de réduction est de de 9 000 euros ou 18 000 euros par an.
La SARL doit délivrer à l'associé un état individuel de souscription précisant :
L'associé devra joindre à sa déclaration annuelle de revenus (n° 2042) l'un état individuel de souscription.
La réduction d'impôt doit être remboursée :
En revanche, il n'y a pas lieu de rembourser la réduction d'impôt en cas de licenciement du souscripteur, invalidité ou décès du souscripteur (ou de son époux), annulation des parts à la suite de la liquidation judiciaire de la société ou pour cause de pertes, fusion ou scission ou cession stipulée obligatoire par un pacte d'associés.