Comment refinancer un compte courant d'associé ?

Rédigé par Roxane Hidoux

Le refinancement d'un compte courant d'associé consiste à obtenir un prêt d'un établissement financier afin de rembourser tout ou partie des sommes qui y figurent.

Sommaire :

Refinancement d'un compte courant d'associé : modalités

Un compte courant d'associé peut être rémunéré par le biais de versements d'intérêts à l'associé. En l'absence de convention de blocage, l’associé peut demander à tout moment le remboursement de ses avances en compte courants sans motifs particuliers.

Lorsque la société ne dispose pas de la trésorerie disponible pour rembourser l'associé, elle peut refinancer le compte courant d'associé, c'est-à-dire contracter un prêt.

L'associé va généralement utiliser la somme reçue pour souscrire un contrat d'assurance-vie et y déposer le même montant que le prêt. Au fur et à mesure du remboursement de l'emprunt par la société, l'associé disposera progressivement de son épargne et des intérêts acquis.

En cas de défaillance de la société, le contrat d'épargne servant de garanti sera utilisé pour rembourser les créanciers, le solde du capital et des intérêts acquis du contrat étant redistribué à l'associé.

Pour compléter ce dispositif, il possible de mettre en place une garantie décès qui permet en cas de décès de rembourser la dette et de verser aux héritiers le capital du contrat d'assurance vie.

Avantages du refinancement d'un compte courant d'associé

Le refinancement des comptes courants d'associé présente plusieurs avantages.

Tout d'abord, les intérêts d'emprunt deviennent totalement déductibles, ce qui permet à la société de bénéficier d'une diminution de son impôt sur les sociétés. A l'inverse les intérêts de compte courant ne sont déductibles que s'ils ne dépassent pas un taux maximal.

Le refinancement permet ensuite à la société de rembourser le compte courant d'associé et de lui verser des intérêts. Les sommes obtenues par l'associé constituent un capital qu'il peut replacer dans des conditions fiscales plus avantageuses que l'imposition des intérêts de comptes courants (contrat d'assurance-vie, de capitalisation, PEA).

En particulier, la souscription d'un contrat d'assurance vie octroie à l'associé des avantages fiscaux (fiscalité sur les retraits après 8 ans très avantageuse) et successoraux (capital transmis aux bénéficiaires hors succession).

Enfin, le placement réalisé par l'associé peut, en cas de solvabilité limitée de la société, être donné en tout ou partie en garantie du financement obtenu par celle-ci.

Conséquences du refinancement d'un compte courant d'associé

Le refinancement du compte courant d'associé transforme la dette financière

Le refinancement du compte courant d'associé transforme la dette financière à court terme en dette à long terme et permet ainsi à la société de ne pas s'exposer à une demande de remboursement de la part de l'associé.

Ce qui la protège notamment en cas de divorce ou de décès de l'associé.

Le refinancement du compte courant d'associé allège la pression fiscale

Sur le plan fiscal, la société peut déduire l'intégralité des intérêts de ses résultats. La limitation de déductibilité propre aux intérêts sur compte courant ne s'applique pas.

L'associé quant à lui, bénéficie de la fiscalité des contrats d'assurance-vie, soit une imposition réduite au-delà de 8 ans de détention en cas de rachat et une absence de fiscalité tant qu'il ne touche pas les sommes placées.

Le refinancement du compte courant d'associé protège le patrimoine de l'associé

Le refinancement de son compte courant permet à l'associé de diversifier son patrimoine. Il dispose d'un capital placé sur un contrat d'assurance-vie qui peut ainsi, en cas de décès, être transmis en franchise de droits de succession.

Ce capital est indisponible le temps de l'emprunt mais reste la propriété de l'associé qui en retrouve la disponibilité à la fin du prêt.

Le recours complémentaire à une assurance décès au profit de la société permettra d'éteindre la dette envers la banque. En cas de difficulté financière pour la société, l'associé sera garant du capital restant dû à la banque et ne perdra pas la totalité de la somme qu'il aurait laissée en compte courant.

Le refinancement du compte courant d'associé protège la société du décès de l'associé

La banque peut imposer d'être bénéficiaire des capitaux en cas de décès de l'associé. Ce qui aura pour effet de générer un profit exceptionnel pour la société (annulation de l'emprunt) et d'augmenter le patrimoine transmis aux héritiers de l'associé (augmentation de la valeur de la société).

Cette double imposition peut être évitée en précisant que le capital sera bloqué sur un compte séquestre mis en garantie du remboursement de l'emprunt par la société (arrêt MUSEL).

Mais pour éviter que l'administration le qualifie d'acte anormal de gestion, il est important que la banque subordonne l'emprunt à l'existence d'une garantie décès sur la tête de l'associé.

C'est l'associé qui souscrit le contrat, mais les primes sont prises en charge par la société car c'est une contrepartie à l'obtention du prêt.

Enfin, la clause bénéficiaire désignera les héritiers mais avec la mise en place d'un séquestre (levé lors de l'extinction de l'emprunt) auprès d'un notaire qui aura accepté par avance cette mission de séquestre en signant la clause.