Le régime de TVA des acquisitions intracommunautaires de biens

Rédigé par Roxane Hidoux

Les acquisitions intracommunautaires font l'objet d'un régime particulier de TVA.

Sommaire :

Qu'est-ce qu'une acquisition intracommunautaire ?

Les acquisitions intracommunautaires (ou AIC) correspondent aux achats effectués dans un pays de l'Union européenne, expédiés ou transportés en France.

Importation et acquisition intracommunautaire

Les acquisitions intracommunautaires sont les achats effectués dans un État faisant partie de l'Union européenne, expédiés ou transportés en France.

Les importations sont les achats effectués dans un pays tiers, c'est-à-dire un pays autre que ceux de l'Union européenne, expédiés ou transportés en France.

La différence entre une importation et une acquisition intracommunautaire est donc uniquement géographique.

Comment fonctionne le régime des acquisitions intracommunautaires ?

Le régime de principe des acquisitions intracommunautaires

Les acquisitions intracommunautaires sont soumises aux principes suivants :

  • Le fournisseur étranger remet à l'entreprise française une facture sans TVA, avec mention du prix hors taxe et des numéros de TVA intracommunautaire du fournisseur et de l'acquéreur.
  • L'entreprise française est redevable de la TVA sur cet achat (au taux de TVA français) et doit donc se charger de déclarer l'acquisition intracommunautaire à l'administration fiscale.
  • L'entreprise française doit payer la TVA sur cet achat mais peut la déduire par le biais du mécanisme de l'autoliquidation, en mentionnant la TVA collectée et la TVA déductible sur sa déclaration de TVA.
  • La TVA est exigible le 15 du mois qui suit la livraison du bien ou la date de la facture, si celle-ci est antérieure.

A noter : l'entreprise française doit impérativement communiquer son numéro de TVA intracommunautaire à son fournisseur étranger. A défaut, le fournisseur doit appliquer la TVA de son État.

Un défaut d'autoliquidation entraîne une pénalité de 5 % de sommes non déclarées.

Le régime dérogatoire des acquisitions intracommunautaires

Les entreprises qui ne sont pas redevables de la TVA peuvent bénéficier d'un régime particulier qui leur permet de ne pas suivre le régime de droit commun des acquisitions intracommunautaires : le régime des personnes bénéficiant du régime dérogatoire (PBRD) défini à l'article 256 bis, I-2° du Code général des impôts.

Ce régime permet aux entreprises exerçant une activité non imposable à la TVA ou bénéficiaires de la franchise en base de pouvoir prétendre à une déduction de la TVA sur les achats effectués au sein de l'Union européenne.

Il s'applique automatiquement lorsque le montant des acquisitions intracommunautaires ne dépasse pas 10 000 € durant l'année précédente ou durant l'année en cours. Conséquences :

  • l'entreprise est traitée comme un particulier et reçoit une facture TTC, la TVA étant reversée par le fournisseur dans son pays ;
  • l'entreprise n'a aucune formalité à réaliser (pas de déclaration de TVA à déposer) ;
  • l'entreprise ne bénéficie pas du droit à déduction de la TVA.

Lorsque le plafond de 10 000 € est dépassé, l'entreprise ne peut plus bénéficier du régime dérogatoire. Conséquences : elle doit collecter la TVA française sur le montant de ses achats (autoliquidation). Mais, n'étant pas soumise à la TVA, l'entreprise ne peut pas la déduire sur ses déclarations de TVA : seule une TVA collectée est calculée.

A noter : l'entreprise française doit impérativement obtenir un numéro de TVA intracommunautaire.

Le régime des PBRD ne s'applique cependant pas aux moyens de transport neufs (c'est-à-dire les véhicules de moins de 6 mois ou de moins de 6000 kms) et produits soumis à accises (alcools, huiles minérales, tabacs etc.).

Comment déclarer les acquisitions intracommunautaires ?

La déclaration de TVA

L'entreprise française doit procéder à l'autoliquidation de la TVA due au titre des acquisitions intracommunautaires sur sa déclaration de TVA.

L'autoliquidation permet d'éviter aux entreprises étrangères exportant vers la France de s'immatriculer pour déposer une déclaration de TVA auprès de l'administration fiscale française.

Même si elle constitue une opération neutre sur le plan financier pour la plupart des entreprises (sauf les redevables partiels qui ne pourront déduire qu'une partie de la TVA), l'autoliquidation de la TVA reste obligatoire.

La base d'imposition des acquisitions intracommunautaires est composée par toutes les sommes, valeurs, biens ou services reçus ou à recevoir par le fournisseur en contrepartie de l'opération, y compris les subventions directement liées au prix. Si le prix est facturé en devises étrangères, il faudra le convertir en euros.

La déclaration de TVA CA3

L'autoliquidation consiste à mentionner plusieurs fois la TVA sur la déclaration CA3 :

  • dans le cadre " Montant des opérations réalisées ", colonne " Opérations imposables ", ligne 03 « acquisitions intracommunautaires » : base hors taxe (HT) ;
  • dans le cadre " Décompte de la TVA à payer ", ligne 08, 09, 9B ou autres taux selon le taux de TVA dont relève la marchandise (20 %, 5,5 %, 10 % ou 2,1 %) : base HT + montant de la TVA ;
  • toujours dans le cadre " Décompte de la TVA à payer ", ligne 17 « dont TVA sur acquisitions intracommunautaires » : montant de la TVA ;
  • toujours dans le cadre " Décompte de la TVA à payer ", ligne 19 « Biens constituant des immobilisations » ou 20 « Autres biens et services » : montant de TVA.

La déclaration de TVA CA12

L'autoliquidation consiste à mentionner plusieurs fois la TVA sur la déclaration CA12 :

  • dans le cadre " TVA brute " de la déclaration (qui correspond à la TVA collectée), ligne 14 " Acquisitions intracommunautaires " : base HT + montant de la TVA (+ ligne 15 « TVA sur immobilisation » si l'acquisition est une immobilisation) ;
  • dans le cadre " TVA déductible " de la déclaration, ligne " Déductions sur facture " ou ligne " TVA déductible sur immobilisations " si l'acquisition est une immobilisation : montant de la TVA.

La déclaration d'échange des biens (DEB)

Depuis le 1er janvier 2022, la DEB est remplacée par 2 déclarations distinctes :

  • l’enquête mensuelle statistique sur les échanges de biens intra-UE (EMEBI), destinée à alimenter les données relatives au commerce extérieur. L'enquête mensuelle statistique ne concerne chaque année qu'un échantillon d'entreprises sélectionnées et informées par courrier ;
  • l'état récapitulatif des clients pour les besoins de la TVA, destiné à vérifier le respect par les assujettis des règles de TVA intra-communautaire. Il doit être réalisé de manière spontanée par les entreprises, dès le premier euro de chiffre d'affaires.

Ces déclarations doivent être réalisées tous les mois sur douane.gouv.fr.