Peu avant l'audience, employeur et salarié doivent se faire parvenir mutuellement leurs pièces justificatives et leurs conclusions. Ces dernières seront remises au Conseil de Prud'hommes le jour de l'audience, lors de l'appel des causes ou en fin de séance.
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La communication de vos pièces justificatives
Chacune des parties doit faire parvenir à son adversaire des documents justifiant la réalité de sa demande. Toutes les pièces sur lesquelles elle se base doivent être communiquées, même si elles sont déjà en possession de l'adversaire (contrat de travail, fiches de paie...).
Vous pouvez avoir recours à un huissier pour établir vos preuves. Celui-ci pourra se rendre dans l'entreprise afin de constater une situation litigieuse (conditions de travail, sécurité...). Il dressera ensuite un procès-verbal qui constituera un élément de preuve.
La production de documents couverts par le secret professionnel est possible, du moment que c'est le seul moyen pour le salarié d'assurer sa défense. De même, la Cour de cassation admet que le salarié emprunte et photocopie des documents à l'insu de son employeur, pourvu que cela serve uniquement à assurer sa défense. Dans cette situation, il ne pourra pas être poursuivi pour vol ou abus de confiance.
Toutefois, la cour de cassation rejette les preuves établies par des procédés déloyaux, par exemple l'enregistrement d'une communication téléphonique privée, à l'insu de son auteur. Mais une preuve établie par SMS est considérée comme recevable, son auteur ne pouvant ignorer que le SMS sera enregistré sur l'appareil récepteur.
Enfin, restez judicieux et éviter de communiquer des pièces qui pourraient contenir des éléments susceptibles de se retourner contre vous ou qui abordent des points n'ayant aucun rapport avec l'affaire.
La communication de vos prétentions et moyens
Il n'est pas obligatoire mais il est d'usage d'envoyer à votre adversaire une note récapitulative rappelant les faits, vos demandes et l'argument juridique sur lequel vous vous fondez, c'est-à-dire une copie d'une décision de justice (jurisprudence) allant dans le sens de votre argumentaire.
En principe, vos preuves doivent être envoyées à votre adversaire. Cependant, s'il est représenté ou assisté par un avocat, vous pouvez directement lui communiquer vos pièces. Adressez cependant un double à votre adversaire afin qu'il ne puisse pas prétendre que vos pièces ne lui ont pas été communiquées.
Il n'y a pas de procédure particulière à respecter. Mais il est conseillé d'envoyer toutes ses pièces par lettre recommandée avec accusé de réception, afin de prouver que le délai fixé par le Conseil de Prud'hommes a bien été respecté.
Pour éviter toute contestation, il est conseillé de numéroter les pièces et d'y joindre un bordereau des pièces communiquées en deux exemplaires. Vous demanderez à votre adversaire de vous retourner un de ces exemplaires avec sa signature et la mention de la date de réception.
Il est préférable d'envoyer des copies afin d'éviter la perte de documents originaux.
Le bulletin de renvoi contient des délais de communication des pièces, des prétentions et moyens. Ils ne sont qu'indicatifs mais il est conseillé de s'y conformer. L'idéal est de les envoyer trois semaines avant la date de l'audience.
Par principe, c'est le demandeur (celui qui engage l'action) qui doit le premier communiquer ses pièces au défendeur. Il existe deux exceptions à cette règle :
Et si votre adversaire a du retard ? Si votre adversaire ne respecte pas les délais mentionnés sur le bulletin de renvoi, il est conseillé de ne pas en faire part au Conseil. En effet, celui-ci ordonne fréquemment le renvoi de l'affaire à une audience ultérieure, généralement plusieurs mois après. Il est préférable de demander à ce que les pièces communiquées tardivement soient écartées des débats.
Lorsque le Conseil de Prud'hommes estime qu'il manque d'éléments, il va désigner un ou deux conseillers rapporteurs. Ces derniers vont convoquer les parties pour leur demander de fournir les explications qu'ils estiment nécessaires, voire interroger des tiers (d'autres salariés de l'entreprise, par exemple). Ils peuvent aussi s'adresser à l'administration (police, sécurité sociale, douanes, trésor public...), en cas de travail illégal.
Pour éviter la destruction de pièces importantes, ils peuvent ordonner des mesures conservatoires.
A la fin de leur mission, ils établissent généralement un rapport ensuite transmis aux parties et au bureau du jugement.
Il est possible que les parties parviennent à se mettre d'accord durant sa mission. Dans ce cas, les conseillers rapporteurs vont dresser un procès-verbal de conciliation, un document qui a la même valeur qu'une décision de justice mais qui peut être contesté lors de l'audience de jugement.
Non, ceux-ci n'ont pas le pouvoir de contraindre les parties ou des tiers à communiquer des documents. Ils peuvent seulement leur adresser une mise en demeure.
Mais si vous refusez de leur communiquer un document, cela ne va pas jouer en votre faveur auprès des juges.
Chacune des parties est normalement convoquée à l'audience par lettre recommandée avec accusé de réception. Les règles de comparution, d'assistance et de représentation sont les mêmes que devant le bureau de conciliation et d'orientation.
Si le demandeur est absent et qu'il ne s'est pas fait représenter, le Conseil de Prud'hommes pourra, au choix :
Si le défendeur est absent et qu'il ne s'est pas fait représenter, le Conseil de Prud'hommes pourra :
Les débats ont lieu devant le bureau du jugement, composé d'au moins 4 conseillers : 2 conseillers salariés et 2 conseillers employeurs. L'un d'eux dirige les débats.
Ils sont en principe publics sauf si le Conseil décide qu'ils doivent avoir lieu à huit clos. C'est le cas lorsque la publicité des débats pourrait entraîner une atteinte à la vie privée des parties, lorsque les parties le demandent ou lorsqu'il survient des désordres dans le public de nature à troubler la justice.
Il est toujours possible de formuler de nouvelles demandes durant l'audience. En revanche, il est impossible de produire des documents qui n'auraient pas été communiquées auparavant à l'adversaire. Une fois les débats clos, il n'est plus possible de déposer des notes, sauf pour répondre aux demandes des juges.
Le Conseil de Prud'hommes ainsi que chacune des parties peuvent faire comparaître des témoins à l'audience de jugement. Il n'y a aucune formalité particulière à respecter, l'important étant de les informer du jour et de l'heure de l'audience et de prévenir le bureau du jugement de la présence de témoins, en début d'audience. Si la décision a été prise par le Conseil de Prud'hommes, les témoins seront convoqués par lettre recommandée avec accusé de réception.
Ils se feront connaître lors de l'appel des causes et devront remettre au greffier une pièce d'identité.
Le plus simple est de présenter une attestation de témoignage écrit. Elle doit être conformer à l'article 202 du Code de procédure civile, c'est-à-dire :
Si le Conseil de Prud'hommes estime qu'il manque d'éléments pour prendre une décision, il renvoie l'affaire à une audience ultérieure.
Lorsqu'il s'estime suffisamment informé, il se retire pour délibérer à huit clos puis rend sa décision publique, soit le jour-même, soit à une date ultérieure. Il prend ses décisions à la majorité absolue des voix.
Si une question n'a pas obtenue la majorité des voix, elle est renvoyée à une audience ultérieure, dite de départage. Elle a généralement lieu dans un délai d'un mois, devant le même bureau et avec la présence d'un juge départiteur.
Si l'employeur et le salarié sont d'accord, il est aussi possible de passer directement de la conciliation à la formation de départage.
Le jugement est soit rendu le jour-même de l'audience, soit à une date ultérieure. Il commence par exposer les demandes des parties (prétentions) et leurs argumentations (moyens) puis précise sur quelles bases légales la décision a été prise.
Le jugement rendu peut être :
Vous pouvez vous déplacer le jour du délibéré pour entendre la décision et obtenir une copie du jugement en main propre. Le greffe vous adressera le jugement par courrier. C'est à compter de cette date que courent les délais pour exercer un recours.
Vous avez la possibilité de saisir le Conseil de Prud'hommes sans passer par un avocat.
Mais, face à vous, vous aurez certainement l'avocat de votre employeur qui ne manquera pas de vous déstabiliser. C'est pourquoi il est important de bien connaître la procédure et les différentes options qui s'offrent à vous.
Le guide "Se défendre devant les prud'hommes" a précisément pour but de vous présenter la marche à suivre.
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